Je vous ai dit l'importance de l'imagination. Ce sont nos images qui déterminent le fonctionnement de tout notre organisme. Or, il existe deux sortes d'imagination, celle qui est volontaire, c'est-à-dire composée d'images que nous dirigeons, comme les images que nous allons chercher dans notre mémoire, ou encore celles que nous programmons dans notre futur, mais il y a aussi l'imagination involontaire, spontanée, que nous connaissons beaucoup moins bien.
C'est cette imagination spontanée qui est à l'origine de nos rêves, par exemple. Or, cette imagination involontaire est tout aussi importante dans la détermination de nos réactions: un mauvais rêve nous « influence » longtemps! Nous avons donc intérêt à prendre conscience de ce tissu d'images permanentes, ce canevas sous-jacent qui nous habite à tout moment. En le mettant à jour nous devenons, chaque fois, un peu plus responsables et autonomes.
La sophronisation va, encore une fois, nous aider à cette prise de conscience car, à ce niveau, nous sommes beaucoup plus près de notre réalité totale, et pas seulement superficielle et comportementale.
Nous allons utiliser l'imagination volontaire pour déclencher l'imagination involontaire. Pour cela, Je vous proposerai, une fois atteint le niveau de vigilance le plus profond possible, de laisser venir une maison, mais pas la vôtre, m une autre que vous connaîtriez... Laissez venir une maison imaginaire! Avant de passer à la pratique, lisez bien le texte afin de ne plus en avoir besoin pendant l'exercice. Installez-vous confortablement, assis de préférence, et faites votre sophronisation complète, précédée ou non d'exercices de relaxation dynamique. ...et cultivez-la Approfondissez au maximum le niveau de vigilance, au bord même du sommeil, c'est là que l'imagination est la plus grande. Laissez alors venir la maison, n'importe laquelle, pourvu que vous ne la connaissiez pas...
Observez-la, « promenez-vous » autour puis, entrez et visitez-la, de la cave au grenier, ouvrant toutes les portes que vous avez envie d'ouvrir, tous les tiroirs, toutes les armoires. Appréciez tout le symbolisme que peut recéler tel ou tel élément. Laissez votre intuition vous guider et n'essayez pas de raisonner... pas encore!
Demeurez dans cet imaginaire autant de temps que vous le désirez. Ensuite, revenez aux sensations corporelles du présent que vous savourez. Pratiquez alors la désophronisation pour retrouver le tonus musculaire d'activité et l'actualité.
N'oubliez pas de noter sur votre carnet tout ce que vous suggère cet exercice. En le relisant plus tard, vous découvrirez sans doute des significations qui ne vous ont pas « sauté aux yeux » immédiatement!
Surtout, dédramatisez toute image qui vous semblerait « désagréable » : il s'agit, la plupart du temps, d'images symboliques qui nécessitent une interprétation « à froid », où l'intuition a un rôle déterminant à jouer.
Si cet exercice vous plaît, vous pourrez varier les thèmes : imaginer une rivière que vous remonterez, à l'aventure, jusqu'à sa source inconnue, aller trouver un « vieux sage » à qui vous poserez la question qui vous tient à cœur, etc.
L'intuition se manifeste au niveau corporel, comme la plupart des fonctions de la conscience, mais elle se manifeste aussi a travers de cette imagination spontanée que vous venez de cultiver durant une semaine.
Il s'agit, maintenant, de prendre conscience de l'énergie vitale qui nous anime, au travers des trois fonctions activées et développés au cours de ces quatre mois et demi d'entraînement : la sensorialité, le sentiment et l'intuition.
Cette énergie vitale est primordiale et, pourtant, elle est très mal connue, rationnellement parlant. Elle n'est pas seulement composée de «calories» dégagées par la combustion des aliments, grâce à l'oxygène... Elle est aussi le « moteur » , la motivation de la vie, son sens! Elle est l'espoir qui nous anime, elle est l'amour, elle est la colère, elle est... Mais où est-elle? Comment la sentir, la ressentir, la pressentir? Comment l'activer, la maîtriser?
C'est cette prise de conscience que je vous propose de réaliser, grâce à une méditation sur l'énergie vitale.
Ne pratiquez pas cette méditation si vous n'avez pas eu la patience de vous entraîner préalablement aux méthodes proposées, ce serait peine perdue... Lisez bien le texte, avant de pratiquer. je vous recommande de refaire, si vous ne le faisiez plus, un exercice du premier degré et un exercice du deuxième degré; il facilitera la prise de conscience de l'énergie vitale, grâce à l'amplification qu'il aura produite.
Prenez donc la position debout, bien ancré dans le bassin, et pratiquez la sophronisation simple. Une fois relâché et détendu, laissez venir votre objet neutre et pratiquez un exercice du premier degré, comme l'exercice du haussement des épaules, trois fois. Vous vous emplirez alors de l'oxygène nécessaire à l'énergie vitale.
Une fois la pause de récupération bien appréciée, laissez de côté l'objet naturel, pour le remplacer par votre propre visualisation dans l'espace, ici et maintenant.
Asseyez-vous confortablement, approfondissez la relaxation et la détente mentale et pratiquez, en vous percevant et en vous voyant, un exercice du deuxième degré comme l'exercice de la tête, trois fois en arrière et trois fois en avant, en respiration synchronique. L'oxygène renouvelé par le premier exercice va profiter à votre cerveau!
Prenez alors la posture sans appui utilisée dans les deux derniers temps de la rééducation de la mémoire: au bord du siège, le dos parfaitement « rectifié », le menton légèrement rentré, les épaules doucement en arrière; placez un poing fermé sur le bas-ventre, entre l'ombilic et le pubis, sur cette région que les Orientaux nomment le hara, l'autre main recouvrant le poing fermé. Les genoux sont plus bas que le bassin.
Votre auto-visualisation vous a permis de prendre cette posture «juste ». Abandonnez, maintenant, cette capacité de vous voir, pour vous consacrer à celle de vous percevoir, du dedans.
Sentez bien l'attraction vers le bas, dans votre bassin, ce qui favorise la libération du buste et de la tête, vers le haut.
Une fois acquise la posture juste (cela vous demandera quelques répétitions...), concentrez toute votre attention sur votre « respiration abdominale basse », sous vos deux mains, un peu comme si vous n'étiez plus que ce point sous-ombilical, centre de tout votre être, source de toute votre énergie, de tout votre élan vital.
Entrouvrez les paupières, le regard, vague, « posé » à un mètre, environ, devant vos pieds.
Demeurez ainsi, aussi longtemps que vous le pourrez, en mentionnant, à chaque expiration les mots d'« énergie vitale » . Elle est là, sous vos mains, sous l'ombilic. Sentez-la, vivez-la, ressentez-la, pressentez-la. Laissez venir tout ce qu'elle peut susciter en vous. Essayez de ne pas réfléchir mais, au contraire, de vous laisser aller et de laisser venir. Vos mains peuvent, à chaque expiration, l'accompagner d'une très légère pression.
Savourez les manifestations de l'énergie vitale, sous toutes ses formes.
Si, surtout au début, cette posture devient trop inconfortable, reposez-vous quelques instants en position assise plus relâchée puis recommencez la posture juste.
Lorsque le temps que vous vous êtes accordé se sera écoulé, pratiquez la désophronisation et revenez au tonus musculaire d'activité ainsi qu'au niveau de vigilance de l'actualité.
Comment allez-vous?
Appréciez bien toutes les modifications qui se sont opérées en vous, savourez l'activation énergétique. Notez tout sur votre carnet.
Lors des prochaines méditations, vous pourrez prendre d'autres thèmes tout aussi enrichissants, comme la « nature » , « la vie » , etc.
Au terme de ces cinq mois (bientôt!) d'entraînement, vous avez pris conscience des trois fonctions restées latentes durant toute votre éducation « analytico-logique » , je veux parler de votre corporalité, de votre fonction sentiment et de votre intuition.
Grâce à l'imagination retrouvée, vous allez pouvoir vous « amuser » à concrétiser ces trois fonctions et, aussi bien la fonction rationnelle que nous n'avons pas particulièrement privilégiée, durant tout ce temps.
Pour ce faire, il va falloir utiliser le niveau de vigi La fonction intuitive.lance le plus profond pour « personnifier » ces fonctions. Vous allez imaginer un endroit, chez vous, où vous avez l'habitude de recevoir vos amis. Vous avez « invité » vos fonctions et vous allez les accueillir. Ne prévoyez, pour l'instant, rien de particulier. Attendez d'être en état de disponibilité totale pour que votre intuition puisse intervenir. Avant de pratiquer, lisez le texte. Je vous propose de commencer par une sophronisation debout, grâce à un relâchement total du corps et une détente mentale profonde. Vous pouvez prendre l'image de votre objet naturel. Pratiquez une activation de votre corporalité en tendant tous vos muscles, des pieds à la tête, trois fois, puis relâcher, relâchez-vous encore plus, en savourant cette foule de sensations amplifiées qui vous permettent d'intégrer votre corporalité, au présent.
Laissez votre image naturelle, visualisez-vous dans l'espace et asseyez-vous.
Approfondissez votre relâchement et votre détente tout en vous percevant et en vous visualisant. Appréciez bien ce sentiment de soi, existant, participant au monde.
Laissez, maintenant, cette capacité de vous voir, pour vous percevoir, du dedans.
Vous allez utiliser l'épanouissement de votre imagination pour « voir » cette pièce, chez vous, où vous recevez vos invités.
Imaginez-la aussi distinctement que possible, et essayez de vous voir, vous-même, préparant ce qu'il faut pour accueillir ces personnages que vous ne connaissez pas encore, mais qui vont vite devenir des familiers. Préparez cinq sièges, dont un pour vous-même.
Voilà que l'on frappe ou que l'on sonne à votre porte. Allez ouvrir au premier invité qui sera, par exemple, votre rationalité... Observez bien qui est là : une personne, une forme, un animal? Saluez l'invité et remarquez la manière dont il vous rend votre salut. Accompagnez-le ensuite jusqu'au siège que vous avez prévu pour lui.
On sonne une deuxième fois et vous allez ouvrir au deuxième invité qui sera, par exemple, votre corporalité... Observez qui est là! Vous vous saluez et vous l'accompagnez aussi jusqu'au siège prévu. Comment la raison et le corps se saluent-ils?
On vient de frapper une troisième fois et vous allez ouvrir au sentiment, à l'émotion... Qui est là? Saluez-vous, embrassez-vous et accompagnez votre hôte jusqu'à son siège. Comment se saluent les trois personnages présents?
Enfin, l'intuition vient de s'annoncer et vous allez lui ouvrir... Qui est-ce? Comment les autres l'accueillent-elles?
Vous allez vous-même vous asseoir à la place que vous avez prévue et vous entamez une conversation avec eux, sur les thèmes
« Qu'est-ce qui va bien? », < Qu'est-ce qui va moins bien? » et, surtout, « Qu'est-ce qu'il faudrait faire pour que ça aille parfaitement bien? »
Autant que possible, laissez-les parler... Ils ont, très probablement, des tas de choses à vous dire!...
Puis, lorsque vous aurez l'impression qu'ils ont tout dit pour cette fois, prenez congé d'eux et raccompagnez-les à la porte. Observez bien comment ils se saluent et de quelle manière ils s'en vont... peut-être en ayant pris rendez-vous avec vous...?
Revenez alors vous asseoir sur le siège que vous occupiez, pour tirer les leçons positives d'une telle « rencontre » et en faire la synthèse.
Enfin, laissez de côté ces images, revenez aux sensations corporelles présentes et vous pratiquez la désophronisation, tout en appréciant le retour du tonus musculaire d'activité et du niveau de vigilance de l'actualité.
Notez bien, surtout, les révélations que cette « méditation » vous aura apporté.
Vous pourrez pratiquer cette technique,, de temps en temps, lorsque vous voudrez constater les progrès réalisés dans votre évolution.
Ne vous étonnez pas des différents aspects, des différentes formes que peuvent revêtir les personnages : il s'agit d'un langage symbolique qu'il faut se garder d'interpréter à la hâte. Vous vous habituerez, peu à peu, à ce langage étonnant que seule l'intuition est capable de déchirer.
L'entraînement que vous avez pratiqué durant cinq mois n'est, si vous le voulez bien, qu'un début à votre émancipation totale. Vous commencez à vivre d'une manière différente, enrichi par la perception de votre corps, du sentiment de votre participation au monde, d'une certaine maîtrise émotionnelle et d'un début d'intégration de cette fonction merveilleuse qu'est l'intuition.
Mais cette conclusion n'est pas une fin; plutôt le commencement d'un chemin qui mène vers la responsabilité, l'autonomie et l'authenticité.
La sophrologie est née au sein de la médecine et elle a toujours un grand rôle à jouer en tant que thérapeutique holistique moderne, mais elle a vite pris une voie sociologique passionnante, non seulement préventive mais aussi initiatique, à la portée de tous.
En effet, elle n'est pas réservée à une élite intellectuelle ou privilégiée. Elle peut être pratiquée par tout le monde, n'exigeant qu'un peu de volonté et de discipline existentielle.
Trouvez votre moment et votre lieu d'entraînement et « installez » ce rendez-vous avec vous-même, dans la « chaîne » de votre quotidien. Comme vous déjeunez ou vous vous lavez les dents, pratiquez régulièrement, durant un quart d'heure, vingt minutes. Vous n'aurez pas à le regretter car vos « bénéfices » seront, très rapidement, tangibles. Vous renforcerez votre santé, vos capacités intellectuelles, votre résistance à l'effort, votre maîtrise émotionnelle, votre créativité...
Choisissez, parmi les exercices que je vous ai proposés, ceux qui vous ont apporté le plus, ceux que vous aimez, et construisez votre propre méthode personnelle, en variant les mouvements de relaxation dynamique et en diversifiant les techniques statiques.
Ici se termine le rôle de ce guide : vous êtes, maintenant, votre propre guide. Permettez-moi de vous souhaiter tout le « positif » que la Vie peut vous offrir et que votre Conscience renforcée pourra capter et intégrer.